Une génération sacrifiée !

Les élèves de 5^ème et de 6^ème d’une école secondaire ont choisi comme thème pour leur célébration de Noël « D’un fruit pourri naît une fleur ! ». Ce thème était inspiré par tout ce qui s’est passé tout au long de l’année 2015 qui, pour eux, était chaotique !
Des attentats -avec les doubles attentats de Paris-, la crise des réfugiés et sa gestion, des nouveaux conflits qui viennent s’ajouter à ceux qui existaient déjà -Burundi, Centre Afrique, …-, des militaires dans la rue, les perquisitions, les menaces d’attentats à Bruxelles et dans un certain nombre de villes en Belgique… Ce thème reflétait aussi l'espérance que, de ce chaos, jaillirait la lumière.

Ce n’est pas fini

Plusieurs personnes prédisent que tout n’est pas fini ! Un certain nombre d’auteurs et des reporters enquêteurs affirment même que tout ce qui est lié au radicalisme et à l’extrémisme n’est qu’une petite partie de l’iceberg qui cache un malaise profond lié à toute une génération de jeunes de plus en plus mal à l’aise avec la société. Du coup, ils généralisent le problème et prophétisent que les futurs conflits pourraient être portés par les jeunes désabusés, déçus par une société de consommation effrénée qui les écrase et le monde politique qui leur semble immobile. « On ne peut pas dire à un jeune d’étudier de 5 à 26 ans pour lui dire qu’après il est bon pour 10 ans de chômage », dit l’écrivain Alain Lallemand dans le Vif l’Express du 15 Janvier 2016 ! Et le spécialiste du terrorisme Gérard Chaliand ajoute dans le même journal : « Il va forcément y avoir un retour à la violence dans la mesure où les tensions vont être plus vives : on peut parfaitement l’imaginer, demain, à propos d’un incident imprévisible qui aura fait deux ou trois morts ». Toute personne qui est en contact avec les jeunes peut sentir un certain malaise chez eux, un monde en perte de repère, de sens et de modèle ; maintenant qu’est-ce qui est proposé aux jeunes comme modèle à part des pseudo stars des télé-réalités ? Des jeunes en crise identitaire, portant le poids de tout le vécu, parfois très difficile, de leur famille, souffrant des inégalités à l’école et dans leurs milieux de fréquentation, insatisfaits des réseaux sociaux qui ne sont qu’une illusion d’un amour ou d’une amitié fragile, vivant les conséquences des crises causées par les générations antérieures -économique, climatique, politique…- fuyant dans la consommation des jeux vidéo, des produits psychotropes, etc.

Que faire ?

Face à une telle situation, devons-nous rester les bras croisés ? Devons-nous nous contenter de prophétiser de futurs conflits et des guérillas urbaines menées par nos jeunes ? Comment entrons-nous en contact avec la jeune génération, quelles sont nos propositions ? Et nous, quelle est notre modèle ? Où est notre identité ? Comment nous ouvrons-nous à la différence ? Sommes-nous prêts à aller à leur rencontre, à marcher avec eux, à les porter et les soutenir ? Quelles sont nos ressources, nos forces ? Je crois qu’il ne suffira pas de réponses toutes faites et de solutions « packages ». Il faudra que les adultes se montrent courageux et capables d’oser des voies nouvelles !

Pour terminer, voici le poème d’un de ces jeunes qui exprime ces soucis qui le hantent et qui devrait nous interpeller.

Le chaos

Tel un cœur rempli de chagrin
Je reste un humain.
Mes sentiments partent en discorde !
Entraînant mon esprit dans le désordre.

Dans ce monde plein de rancœur
Remplie d’hypocrisie !
Nous faisons tout à contrecœur !

Sous ces nuages de fumée noire
Mon cœur s’endurcit !
Et je vois le monde déchoir.

De ce regard morne
Naît notre présent
Rempli de morts !

La vue de ces nombreuses cloisons
Que nous sommes
Reflète l’escamoteuse clôture
Qu’est notre grandissante ignorance.

La présence de tous ces déchets
Éveille l’immense courroux
D’un être blasé.

Notre règne dans ce chaos
Est donc la cause
De ce cachot que devient nos vies.

Lina