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Depuis quelques mois, en Belgique, en France et dans d’autres pays, suite à quelques scandales politiques, le mot d’ordre est « la transparence » totale en politique. Ce qui est demandé aux hommes et femmes politiques vaut pour toute vie et surtout la manière de vivre la foi. Est-ce que souvent la foi, chrétienne ou religieuse n’est pas parfois comparée à l’obscurantisme ou l’opacité ? Si ma mémoire est bonne, un des motifs de fondement de l’ULB était de combattre l’obscurantisme religieux par la « raison ». Alors quelle transparence pour le croyant ?
Si une religion étouffe la raison et consiste à couper l’humain de lui-même et des autres dans la tristesse et l’enfermement, si une religion est opaque pour ses adeptes et illisible pour tout amoureux de la sagesse, si une religion peine à se laisser analyser à la lumière de la raison, alors là, nous pouvons parler d’obscurité et d’obscurantisme. Mais, de l’autre côté, tout amoureux de la sagesse reconnaitra qu’à un moment, la raison atteint ses limites et que toute thèse est de l’ordre du probable. Cela vaut pour toute forme d’être, la connaissance peut aller plus loin dans la profondeur de la recherche, mais chaque être, quoi qu’il arrive, garde sa part de mystère. Cela vaut aussi pour Dieu. Or, il nous arrive, par faute de comprendre, de considérer ce qui n’est pas compris comme obscur. Dieu n’est pas obscur, opaque, illisible, incompréhensible, il est clarté, ouverture, compréhension et il garde son côté mystère. Cela ne veut pas dire qu’il se cache, mais dans sa révélation, il y a toujours quelque chose qui échappe et qui rend la foi passionnante.
La transparence est une vertu, nous pouvons nous demander avec justesse pourquoi est-ce maintenant que ce sujet vient sur la table et préoccupe les hommes et les femmes politiques. Mais, il faudrait peut-être éviter de tomber dans le piège inverse qui ferait la confusion entre la vie privée et la vie publique et qui voudrait que toute personne étale sa vie et sa vie privée sur la place publique. Est-ce que la transparence consiste à dire tout sur tout- ce qui peut être un bavardage inutile ou un service à toute forme de voyeurisme-, ou est-elle la volonté ferme d’être vrai et ce que l’on est en réalité ?
Comme le dit Pascal, « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête » 1 Parfois, à coups de force médiatique, certain veulent laver plus que blanc et cela ne fonctionne pas nécessairement. La transparence poussée dans son extrême deviendrait une absence. Reconnaissons que chacun a des limites et des faiblesses. Qu’il y a une part qui nous échappe en nous et que parfois, sans le savoir ou en cédant à la faiblesse, nous devenons obscurs à nous-même et aux autres. Cela ne nous invite pas au défaitisme ou à céder à l’obscurité totale, mais à découvrir les grâces de la conversion, du pardon et de la réconciliation. Laissons-le illuminer en nous contre toute obscurité.
Eric N.
1 PASCAL, Pensées, Livre de poche, 1962, p. 151.
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