5 - La parabole du riche insensé (Luc 12,13-21)

"Tu es fou : cette nuit même on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ?"

La parabole pose la question du sens que nous donnons à notre vie : travaillons-nous pour amasser des biens matériels ou pour développer notre personnalité au service des autres.

Qu'est-ce qui guide nos choix : l'argent, la richesse, le "paraître" ou bien ce qui va nous rendre meilleur, ce qui va nous rendre heureux, ce que les autres attendent de nous ?

Au moment où beaucoup de gens se rendent compte qu'on fait fausse route, que l'on accorde dans nos vies beaucoup trop d'importance à l'argent, au profit, aux biens matériels, qui laissent, bien souvent, les hommes sur leur faim, cette parabole vient bien à propos nous rappeler que cette course à l'argent n'apporte pas le bonheur escompté car trop souvent elle engendre un cortège de misères chez ceux qui sont victimes de cette société basée sur le profit aveugle.

Le Christ nous avait avertis "Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et l'argent", c'est à dire vous ne pouvez pas faire de l'argent, du profit, un dieu.

Cela ne veut pas dire que l'argent est mauvais en soi, Il faut de l'argent pour vivre.

Jésus veut nous dire qu'on se trompe en se donnant comme but dans la vie d'amasser des richesses matérielles. Il veut nous éviter de faire de l'argent, des richesses, le but principal de notre existence, le seul critère de choix, de tout leur sacrifier, d'en devenir les esclaves.

A) Il condamne le fait de mettre les valeurs matérielles à la première place, le fait de leur consacrer le maximum de temps au détriment des valeurs plus importantes. Bien souvent on oublie qu'on perd sa vie en la gagnant : certains y laissent leur santé en heures supplémentaires de travail, d'autres délaissent leur famille, leurs enfants, la présence à la maison passant au second plan.

L'échec scolaire d'un étudiant est parfois dû à sa paresse ou à son manque d'implication aux études mais si on cherche plus profondément, on se rend compte que la père est souvent absent, qu'il rentre tard le soir car il faut gagner sa vie. Quand on lui demande de ralentir ses activités, il répond de façon très sincère " Si je fais ce boulot, c'est pour améliorer le confort de ma famille." L'enfer est pavé de bonnes intentions.

Mais Jésus nous rappelle : "Que sert à l'homme de gagner l'univers, s'il vient à perdre son âme, si le bonheur réside dans de meilleures relations familiales". Une famille ne sera pas plus heureuse parce qu'elle vit dans le confort matériel, mais parce que les relations entre les membres de cette famille sont bonnes, parce qu'on s'aime bien, parce qu'on sait perdre du temps pour se parler, s'écouter, pour se comprendre, pour échanger sur des sujets spirituels.

B) Ce que le Christ propose, c'est donc une vie équilibrée.

L'important, ce n'est pas de réussir dans la vie mais de réussir sa vie, ce n'est pas d'accumuler des richesses périssables qui seront dispersées à notre mort, mais de se rendre "riche pour Dieu", d'acquérir les vraies richesses que sont l'amour, l'accueil, le dévouement, le sens des autres, l'humilité, le sens de la justice, la générosité…

L'important, ce n'est pas d'avoir de l'or dans un coffre-fort mais d'avoir un cœur d'or.

Demandons au Seigneur une vie plus équilibrée, c'est à dire

• de savoir mettre les valeurs spirituelles avant les valeurs matérielles,
• de ne pas juger les personnes sur leur compte en banque mas sur leur capacité d'aimer
• de nous soucier davantage d'être quelqu'un de bien plutôt que d'avoir beaucoup de biens.

Jean-Marie Delcourt