Bienheureux les sobres !...

… En Christ, ils révolutionneront le monde". 

C'est avec cette devise sous forme de 9e béatitude, que vient d'être lancé en France, le « Mouvement des chrétiens indignés ». Il vient de faire paraître un manifeste pour rassembler des chrétiens et toute la société, pour promouvoir une autre société, plus humaine et plus écologique. S'appuyant entre autre sur l'encyclique de Benoît XVI, « Caritas in veritate », les signataires veulent s'inscrire dans l'esprit de la doctrine sociale de l'Eglise qui recèle des trésors trop souvent mis sous le boisseau.
Leur objectif ? Initier une présence chrétienne dans le mouvement des objecteurs de croissance afin de proposer une alternative au mode de vie actuel « destructeur et aliénant ».

Nous sommes en crise, non seulement à cause des dérives de la finance, mais aussi parce que la Terre a tout donné, qu'elle est défigurée, polluée de déchets de toute sorte. Nous sommes arrivés à un point de non-retour. Il va devenir impossible de relancer la croissance. On ne trouvera plus ni carburant, ni assez de matières premières pour continuer à produire indéfiniment. Il faut impérativement trouver une autre façon de produire et de consommer, ce que certains appellent une « sobriété heureuse ».

L'initiative, qui revendique une visée  « révolutionnaire », se situe aussi au niveau individuel : « Elle encourage, sans les imposer, des bonnes pratiques et des gestes concrets pour une vie plus humaine, plus unifiée, plus sobre. Acheter le plus possible des produits équitables, préférer le petit commerce à l'hypermarché, consommer bio. Regarder d'où viennent les marchandises, privilégier la proximité… Chacun de nos actes économiques a une portée morale ou immorale ».
Interpellés par la crise qui traverse notre époque, nous nous interrogeons sur nos responsabilités et celles de notre entourage chrétien, écrivent les auteurs du manifeste. Nous associons nos voix à celles qui dénoncent le système économique néolibéral qui régit économies et sociétés depuis trente ans ». Les signataires appellent ainsi les chrétiens à «  transformer notre monde pour le rendre conforme aux exigences de paix et de justice qui sont au cœur de notre foi ».
C'est pour cela, disent-ils, que nous avons choisi exprès ce nom d'indignés pour nous inscrire dans le droit fil des événements qui occupent l'actualité depuis plusieurs mois.
Notre propos est de dire avec force que, au nom de notre foi et des exigences de l'Évangile, nous devons participer à cette indignation générale contre un système économique qui a généré une crise écologique et spirituelle sans précédent ».
Ces « chrétiens indignés » entendent représenter « une voix nouvelle, plus radicale, plus engageante. Nous attendons de l'Eglise une critique plus forte du libéralisme, à la hauteur de l'aggravation des enjeux. »
Ouvrons les yeux, tâchons d'être lucides et reconnaissons que notre mode de vie est absurde : posons-nous les bonnes questions : croître mais pour quoi faire, travailler plus, mais pourquoi, s'il n'y a pas de travail pour tout le monde puisqu'on continue à délocaliser et à remplacer les hommes par des robots.
Le slogan de la décroissance est : « Plus de liens, moins de biens ». Il est possible d'inventer le bonheur basé sur la convivialité, nos relations avec les autres, en prenant soin d'eux et de nous-mêmes, en abandonnant le bonheur basé sur l'accumulation frénétique des biens et des gadgets.
Alors, vous aussi consultez et signez le manifeste sur www.chretiensindignonsnous.org

Jean-Marie Delcourt