Le défi du vivre ensemble

Les jeunes sont énormément touchés par les drames liés aux extrémismes que nous vivons aujourd’hui. Ils en sont malheureusement victimes et même parfois acteurs forcés ou endoctrinés. C’est très révoltant de voir toutes ces vies sacrifiées dans la violence. Sur les réseaux sociaux, les jeunes sont de plus en plus nombreux à réagir, parfois de manière violente ou bien par des initiatives invitant au calme et à la réflexion comme le mouvement COEXISTER qui est né en France et qui se répand petit-à-petit en Europe.

Certes, la situation actuelle est préoccupante, des militaires dans la rue, plus de contrôles… « Maintenant le problème est chez nous… », « Ça peut sauter à n’importe quel moment ? », disent les personnes. Les médias et les réseaux sociaux favorisant la peur, la méfiance et peut-être la tentation de trouver le fautif ou de se faire justice, est là.

La question du vivre ensemble, de l’intégration, de la coexistence des cultures et des religions nous reviennent en pleine figure. Les différences des mentalités, des idées, des opinions ressurgissent et il y a des débats dans tous les sens. Faut-il abandonner, laisser tomber ? Il y a beaucoup de question qui sont sans réponse ; est-ce vraiment impossible de communiquer, de partager et de vivre en harmonie ? Est-ce que là où il y a des différences culturelles et religieuses, doit-il nécessairement y avoir des tensions qui se terminent en multiples assassinats sordides, massacres inhumains, guerres et conflits interminables ? Comment vivre une coexistence pacifique ; se laisser assimiler par la culture dominante ou la culture du pays d’accueil ? Oublier son identité ? Vivre ses convictions religieuses de manière light et privée ?

Et comme jeune chrétien comment réagir? Oui, osons nous poser la question ; est-ce que comme chrétien nous n’aurions pas une parole, une attitude, un geste à poser dans cette situation ?

Aujourd’hui, je ne souhaite pas dicter une attitude ou un comportement, je souhaite proposer une réflexion.

Je crois que dans la situation actuelle le chrétien ne doit pas rester les bras croisés, il a le devoir de témoigner non pas pour se placer en donneur d’exemple et d’ailleurs l’histoire de l’église et du christianisme le contredirait; non pas pour dire qu’il est le meilleur, mais parce qu’il y est appelé par son baptême.

Dans une messe, un des mots qui revient le plus souvent c’est « frère ». Si le chrétien se sent le frère de tous, si ce qui donne sens pour lui c’est la vie donnée librement et jamais la vie volée ou privée aux autres, s’il reconnaît que tout homme est une histoire sacrée qu’il est créé à l’image de Dieu, le témoignage de sa vie n’est-il pas d’œuvrer à la générosité, à la gratuité, à l’artisanat et là a construction d’un monde meilleur ?

Le chrétien est aussi invité à vivre l’unité. Quand on parle d’unité, c’est qu’on reconnaît fondamentalement l’existence des différences. Et ces différences peuvent être partout, entre amis, dans un couple, dans une même famille, dans une communauté, dans un pays et dans le monde. Et ce que cette différence n’est pas une chance à saisir et une richesse à mettre en valeur et non pas un handicap ? Nous parlons de plus en plus des notions de liberté parfois de manière abondante et confuse, est-ce que le chrétien ne doit pas être témoin d’une liberté constructive liée à l’amour et à la liberté ?

Je crois (et je suis convaincu) que le chrétien ne doit pas rester dans une pensée polarisant les extrêmes, en en opposant un camp de « eux » à l’autre « nous ». Il ne doit pas se contenter de pointer du doigt ou même de rester indifférent, mais, il est appelé à approfondir le sens de sa vie chrétienne, y puiser les sources et les forces pour entrer dans un mouvement actif qui prône le dialogue où l’écoute et le respect ont leur place.
Il est appelé à être témoin du Christ vivant, lui qui a donné sa vie pour que les autres l’aient en abondance.

Il est grand temps de nous dire que dans nos différences nous avons le choix de nous mettre ensemble pour vivre ou de former des camps opposés pour nous entre-tuer…
Comme le disait Martin Luther King «Si nous ne vivons pas ensemble comme des frères, nous mourrons ensemble comme des idiots !»

Eric