Bonjour à toi, Lectrice, Lecteur. Je m’appelle Denis, j’ai 27 ans et je suis agronome de formation. Dans ma volonté à aider les autres, j’ai orienté mes études vers le développement international. Faire de l’agriculture un moteur de développement et un levier contre les inégalités, c’est de cela dont je voudrais te parler.
Pour mon stage de fin d’études, j’ai eu la chance de partir au Rwanda, pays d’Afrique centrale, avec l’ONG Vétérinaires Sans Frontières. Mon travail sur place était d’évaluer les impacts des biodigesteurs familiaux installés par l’ONG.
Les biodigesteurs sont de petites installations qui permettent de produire du gaz, pour cuisiner, à partir des déjections animales et principalement celles de vaches. L’objectif premier est de remplacer le bois de combustion, qui produit beaucoup de fumées désagréables et surtout toxiques pour la santé, par le gaz qui est sans fumée et sans danger direct. Les biodigesteurs améliorent le confort de vie des ménages et la santé des ménagères, des changements plus profonds dans les comportements des bénéficiaires et sur toute la famille. Plus besoin d’aller ramasser du bois, tâche principalement réalisée par des enfants, ou d’en acheter ; gain de temps en cuisine car le gaz est plus efficace ; les cuisines sont plus propres ; possibilité d’avoir une toilette fixe donc plus hygiénique ; et encore beaucoup d’autres choses qui seraient trop longues à écrire. Des déchets organiques, de peu de valeur, sont devenus sources d’énergies et d’importants changements. Et à l’origine de ces déchets : l’agriculture et l’élevage.
Après cet exemple, je voudrais pousser la réflexion plus loin. Se nourrir est un geste quotidien que nous répétons régulièrement. C’est l’un de nos besoins primaires. En Belgique, nous avons la chance d’avoir de la nourriture en abondance et facilement accessible (proche et à petit budget) à tous et nous pouvons aider ceux pour qui cela est plus difficile. En cela, nous pouvons remercier l’agriculture.
Mais cela n’est pas le cas dans tous les pays du monde. Et quand la recherche de nourriture devient la principale préoccupation des personnes, elle ne laisse que très peu de place pour d’autres activités. Travailler pour se nourrir, se nourrir pour travailler devient un cercle sans fin. Le constat que j’ai pu faire au Rwanda, et qui semble se répéter un peu partout, est que pratiquer l’agriculture est difficile et souvent insuffisant pour l’autonomie alimentaire car elle ne rapporte que peu d’argent pour combler les besoins. Les familles ne parviennent donc pas à se développer et pire encore, les jeunes partent vers les villes pour chercher de l’argent pour aider leurs familles ou pour quitter le monde agricole qui leur est très pénible.
Le monde agricole est vaste, façonne les paysages et surtout, produit de la nourriture, via la terre, pour arriver sur nos tables. Améliorer l’agriculture, aider les agriculteurs qui nourrissent la population, peut venir casser un cycle de pauvreté.
Se nourrir n’est pas un droit mais un devoir, donnons à l’agriculture et aux agriculteurs les places qui leur sont dues, celle de mainteneur de vie, par des prix justes et un soutien au-delà du possible.