Des prophètes de malheurs nous annoncent la fin du monde pour 2012. Que faut-il en penser ? Sans parler du film catastrophe que je n'ai pas encore vu mais qui paraît-il donne à réfléchir, j'aurais deux considérations à partager avec vous.
D'abord, vouloir fixer une date pour la fin du monde me paraît illusoire, même si le calendrier Maya se termine le 12/12/2012, même si un alignement fatal des planètes est prévu pour cette date, même si la grippe A(H1N1) a pris son origine au Mexique, la terre des mayas… Les premiers chrétiens, se basant sur certains passages eschatologiques des Écritures, ont cru à l'imminence de la fin des temps et du retour du Christ. Ne voyant rien venir, ils ont vite déchanté. Comme les Églises se méfient de ces prédictions farfelues, les sectes ont pris le relais, en prenant l'Apocalypse comme fond de commerce. Les témoins de Jéhovah ont prédit plusieurs fois la date de la fin du monde et chaque fois, ils se sont trompés. Jésus n'accordait pas beaucoup d'importance aux voyants, aux horoscopes, aux rêves prémonitoires : "Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît. Pas même le Fils, mais seulement le Père" (Mc 13,32)
Par contre, il n'est pas inintéressant de prévoir l'avenir de notre civilisation, de réfléchir sur le futur de notre planète. Nous en sommes responsables. Dire que la terre va disparaître dans un chaos cosmique est démoralisateur. Cela signifie qu'on n'y peut rien, qu'il n'y a qu'à attendre. La fin de l'humanité, si elle survient, ne sera pas causée par un cataclysme naturel mais par la faute des hommes. Nous empruntons la terre à nos enfants, nous devons la leur laisser la plus belle possible. Utilisons les crises que nous traversons comme une opportunité de réfléchir à la manière de protéger notre planète et l'humanité qui y vit. Dans ce contexte, il est parfois utile de savoir que dans quelques années, il n'y aura plus de pétrole, utile de savoir que si nos sociétés dégagent toujours autant de CO2, que si l'effet de serre n'est pas enrayé, la terre va se réchauffer et va connaître des périodes de sécheresse, l'eau va manquer, il y aura davantage de tempêtes, de typhons ; le niveau des mers va monter au point de provoquer des migrations climatiques… On a fait dire à André Malraux cette prophétie : "Le 21ème siècle sera spirituel ou il ne sera pas". A la lumière des nouvelles alarmistes, mon interprétation est celle-ci : si on continue à bâtir un monde sur le profit, l'argent, la cupidité, la violence, le rejet de l'autre, l'intolérance les inégalités entre riches et pauvres, entre le Nord et le Sud, alors oui le monde va à la catastrophe, oui la réalité rejoint la fiction. Jésus, pour nous armer contre les crises, nous a donné sa Parole : "N'ayez pas peur". (Mt14, 27) Sa résurrection nous invite à l'espérance, à entendre le silence de la graine qui germe et qui grandit. Elle nous permet de dépasser le catastrophisme ambiant et de ne pas perdre espoir dans l'humanité. Ce que nous vivons, ce n'est pas la fin du monde mais bien la fin d'un monde, le monde ancien, le vieux monde, destiné à disparaître pour laisser la place à un monde nouveau. Jésus nous a demandé de lire les signes des temps : "Le ciel est rouge, il fera beau demain" (Mt 16,2-3) : on voit poindre dans ce monde en mutation les bourgeons qui vont éclore au printemps. Chacun finit par tirer les leçons de la crise. Le bonheur n'est plus espéré dans la consommation mais dans la sobriété heureuse. La voiture redevient un objet utilitaire et non un signe extérieur de richesse. La vitesse est abandonnée au profit d'une conduite plus écologique, plus cool. On préfère le commerce de proximité à la grande surface, on hésite à acheter un produit qui a fait 3000 km avant d'atterrir dans notre assiette. On pratique le covoiturage. En un mot, on plébiscite la qualité plutôt que la quantité, le "mieux être" plutôt que le "plus avoir". A chacun d'allonger la liste….