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Pour sensibiliser l'opinion sur l'avenir de la Planète, le cinéma s'impose comme un outil pédagogique majeur. Le film d'Al Gore, aux États unis, "Une vérité qui dérange" a montré le chemin. Un cran plus haut, en terme de communication, peut être pas de contenu, voici "HOME", un film de Yann Arthus-Bertrand, sorti le 5 juin, à la veille des élections européennes. Et cela, au même moment, à la fois dans le monde entier mais aussi sur plusieurs médias. L'auteur avait tout prévu pour atteindre le plus large public possible : salles de cinéma, télévisions, DVD, Internet et projections en plein air. La plupart du temps, gratuit. Traduit en 18 langues, Home aura été ainsi diffusé simultanément dans 134 pays et sur 81 chaînes. Il a coûté 12 millions d'euros. Pour le réaliser, Y.A.B. a traversé 54 pays et tourné dans 120 lieux différents. Le film se veut "un message citoyen en images", un appel à une prise de conscience et à un débat sur l'état de notre planète. Il a fallu deux ans et demi pour mener le projet à terme : montrer comment l'humanité, depuis deux siècles d'industrialisation de plus en plus intensive, a bouleversé l'équilibre écologique de la Terre par la déforestation, l'érosion, le réchauffement climatique. "Je n'ai pas voulu, disait-il à la presse, accuser untel ou untel ou donner des solutions toutes faites. J'aimerais qu'en sortant, l'on se dise : "Et moi je fais quoi, pour sortir de là ?"
Yann Arthus-Bertrand, plutôt écolo de droite, est d'abord un photographe avant d'être cinéaste, spécialisé dans des vues prises du ciel. Ce qui fait dire à un journaliste de Libération, :"Quand il entend le mot culture, Yann sort son hélicoptère". Cela a des avantages et des inconvénients. Il nous donne de magnifiques vues, comme ces pirogues sur le fleuve Niger au Mali ou ces champs qui forment un immense damier coloré. "En prenant de l'altitude, se défend-il, les problèmes sautent aux yeux, il n'est plus besoin de longues explications". Sauf que ces engins volants dégagent des émissions de CO2 dont le film veut montrer la nocivité sur l'environnement et la biodiversité. Certes comme cela se pratique dans l'industrie, les dégâts sont désormais compensés par le financement de projets de développement durable. Un autre sujet de malaise : certaines prises de vues aériennes embellissent des sites qui sont en fait des horreurs écologiques comme les sables bitumeux du Canada dont on peut extraire du pétrole en petite quantité.
Que penser finalement du film ? Je répondrai par l'aphorisme du verre à moitié vide ou à moitié plein. On ne peut demander à l'auteur plus qu'il ne peut donner. C'est d'abord un artiste de la belle photo, ce qui aboutit à un film assez esthétisant et euphorisant, jusqu'à nous faire oublier le projet initial : montrer comment l'homme est occupé à dégrader, à polluer la planète au point de la rendre invivable pour les générations futures. Étant donné ses options politiques à droite et l'appui de ses sponsors issus de l'industrie du luxe, on peut comprendre que le message "Il faut consommer moins" soit un peu édulcoré pour devenir "Il faut consommer mieux et autrement". Ce qui pour un écologiste un peu sérieux ne tient pas la route, si on le présente sous forme de dilemme. Aussi, aurait-il dû insister davantage dans son commentaire un peu trop moralisateur, sur les véritables responsables de ce désastre écologique qui risque d'entraîner non pas la planète mais l'humanité dans une apocalypse qui lui serait fatale. Et qu'il soit aussi plus clair dans ses conclusions et plus explicite quand il nous assène sa prophétie :"Il est trop tard pour être pessimiste : il reste à peine 10 ans à l'humanité pour changer son mode de consommation".
Si on considère le film comme outil pédagogique destiné à faire saisir l'ampleur du réchauffement climatique et des blessures écologiques sur la planète bleue, il peut sans conteste être pris comme une bonne sensibilisation et première approche des problèmes de pollution. A condition d'approfondir certains sujets comme la déforestation, les cultures intensives, les biocarburants, la fin du pétrole, la raréfaction de l'eau potable, les modes de transports … A condition d'envisager les bonnes solutions en montrant les vrais responsables de ce désastre, certes vous et moi, le citoyen lambda mais surtout le régime économique productiviste et libéral qui ne peut survivre qu'en poussant les gens à consommer au-delà de leurs besoins. A condition de remettre en question l'équation "consommation–croissance-emploi", cercle vicieux d'où il faut impérativement sortir si on veut faire face aux dangers qui nous menacent.
Jean-Marie Delcourt
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