La miséricorde, un mot pour aujourd’hui…

« Et toi, cher jeune, as-tu jamais senti se poser sur toi ce regard d’amour infini ? Ce regard qui, au-delà de tous tes péchés, limites, échecs, continue à te faire confiance et à considérer ta vie avec espérance ? Es-tu conscient du prix que tu as aux yeux de ce Dieu qui t’a tout donné par amour ? » Pape François, Message adressé aux jeunes pour les Journées Mondiales de la Jeunesse de Cracovie.

Il est clair que le mot miséricorde peut sonner ringard ou trop vieux pour la jeune génération ! Mais, il ne faut pas vouloir l’abandonner trop vite. Ce mot dans sa compréhension biblique et dans son approfondissement théologique signifie, l’amour infini de Dieu, la tendresse, la bienveillance, le visage qui fait grandir, le sourire, la joie, le pardon, la réconciliation, les entrailles maternelles. Aujourd’hui, qui n’a pas besoin de sentir posé sur lui un regard d’amour infini ? Dans un monde de compétition, d’efficacité et de productivité où les plus faibles deviennent insignifiants et parfois, hélas, traités comme des déchets, qui ne souhaite entendre ces paroles : « Toi, tu as du prix à mes yeux ? ». La miséricorde ne doit pas être un vieux mot à effacer des dictionnaires et à jeter aux oubliettes ! Au contraire, notre monde, dans sa quête de sens, sa fragilité et ses combats, ses échecs et ses réussites, en a besoin.

Une heureuse coïncidence

Cette année l’année Sainte, annoncée par le Pape François pour l’Eglise universelle, le jubilé de la Miséricorde coïncide avec le thème des JMJ de Cracovie : « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » Mt 5, 7. C’est une joie et une chance pour les jeunes de pouvoir vivre ce temps de grâce. Et d’ailleurs, le Pape François n’hésite pas à appeler les JMJ « Jubilé Mondial de la Jeunesse ». La préparation des Journées Mondiales de la Jeunesse met l’accent sur le sens de la miséricorde reçue et donnée. La Pologne, pays de la miséricorde avec son histoire, le Pape Saint Jean Paul II et Sr Faustina proposeront plusieurs démarches pour que les jeunes sentent au fond de leur cœur ce que signifie vraiment : Etre « miséricordieux comme le Père », la devise de cette année Sainte.

La miséricorde, c’est du concret

Les mots ne suffisent pas ! Ce serait un tort, surtout avec les jeunes, de se limiter à des explications historico-théologico scientifiques du mot miséricorde et d’oublier que la miséricorde est la vie. Comme le dit le Pape François : « La miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux-mêmes par leur fils […] Il vient du cœur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon » (Misericordiae Vultus, 6). La Bible nous montre le concret de la miséricorde dans l’Ancien et le Nouveau testament.

1. D’abord, c’est Dieu qui vient vers nous comme un Père : « Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour ; j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je m’inclinais vers lui et le faisais manger » (Os 11, 4). Voir aussi les trois paraboles de la miséricorde dans le Nouveau Testament.
2. Une invitation à se laisser transformer par cette miséricorde pour en être témoin dans le monde. Mt 25

Ces deux aspects se traduisent concrètement pour tout le monde, les jeunes et les moins jeunes, et redécouvrir le sens, la force et la portée du sacrement du pardon et à se poser la question sur les « œuvres de miséricorde » dans notre vie.

Accueillir le pardon

Dans nos Unités Pastorales, dans nos groupes de jeunes, comment vivons-nous le pardon, comment vivons-nous la réconciliation, comment permettons-nous aux jeunes de rencontrer le visage aimant du Père qui se donne dans le pardon sacramentel ? Comment permettons-nous aux jeunes de trouver la liberté en déposant le poids de leurs souffrances ? Cette année Sainte nous lance un défi.

Etre témoins de miséricorde

Concernant les « œuvres de miséricorde », le Pape François nous rappelle qu’il existe des œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles (voir n° 15 de la Bulle d’indiction papale « Misercordiae Vultus ») et fait aux jeunes cette invitation : « Je vous propose, chers jeunes qui êtes très concrets – pour chacun des sept premiers mois de l’année 2016 –, de choisir une œuvre de miséricorde corporelle et une œuvre de miséricorde spirituelle à mettre en pratique chaque mois. » Voici une proposition concrète qui peut être proposée aux groupes des jeunes indépendamment des JMJ. Il ne faut pas être « Jmjste » pour aller visiter les malades, les prisonniers, habiller ceux qui sont nus… Il ne faut pas participer aux JMJ pour pardonner ou supporter les personnes ennuyeuses. Plusieurs diocèses, le sanctuaire de Lourdes, les équipes pédagogiques des JMJ, etc. proposent des pistes concrètes et des animations « clé sur porte » pour permettre aux jeunes de se mettre en route. Que les responsables des groupes et les animateurs des jeunes n’hésitent pas à en faire profiter tous les jeunes.

Dans le diocèse de Liège

Dans notre diocèse, en plus de donner des pistes concrètes en lien avec les JMJ, et d’autres qui seront développées tout au long de cette année Sainte, soulignons la proposition de notre évêque et du Vicariat Annoncer l’Evangile de permettre aux jeunes d’animer la soirée des 24 heures de la miséricorde ! Ces 24 heures, qui auront lieu du vendredi 4 au samedi 5 mars dans la Ville de Liège, permettront aux jeunes de recevoir et d’être témoins de la miséricorde.
N’hésitez pas à suivre le programme qui sera bientôt mis en ligne.

Eric N.