Noël, c'est la découverte que le monde est plus beau parce qu’un enfant est né à Bethléem. Nul ne résiste au sourire et à la faiblesse d'un enfant et cet enfant est le Fils de Dieu. Pour dire aux hommes qu'il les aime, Dieu se fait enfant. Pour beaucoup de gens, un enfant, c'est sacré. Accueillir un enfant, c'est faire un pari sur l'avenir. C'est faire preuve d'optimisme que de mettre un enfant au monde. Un enfant, c'est une page blanche, rien n'est encore écrit. Mettre un enfant au monde, c'est montrer que l'on croit à l'avenir, à un avenir meilleur. C'est marcher à contre-courant, car beaucoup, aujourd'hui, ont peur de l'avenir, sont désespérés, se demandent si le monde futur sera accueillant pour les enfants. Noël, c'est une naissance, Noël nous dit qu'il ne faut pas avoir peur de l'avenir, que Dieu est avec nous, l'Emmanuel nous accompagne sur les routes de la vie. C'est à nous, avec lui, de construire un monde meilleur. Un enfant, c'est ce qu'il y a de plus faible, de plus pauvre. Un enfant, cela coûte de l'argent mais ne rapporte pas, sauf si on en fait une marchandise ou un travailleur. S'intéresser aux enfants, c'est donc avoir le sens du plus faible, du plus pauvre, du plus petit. C'est pourquoi Dieu nous étonne en voulant devenir un petit enfant. Il entre dans notre monde sous les traits d'un être fragile. Si nous voulons ressembler à Dieu, nous devons devenir semblables à un enfant. La Parole de Jésus prend alors un tout autre sens : "Si vous ne devenez semblable à cet enfant, vous n'entrerez pas dans le royaume de Dieu". (Mt 18, 1-4) Il ne s'agit pas de retourner en enfance, de se complaire dans des enfantillages, mais plutôt d'imiter les qualités des enfants quand ils ne sont encore pervertis par nos mentalités d'adultes : leur pureté, leur optimisme, leur amour de la paix, leur tendresse, leur sens de la justice, de l'universel, leur ouverture d'esprit, leur sagesse. Ne dit-on pas : "La vérité sort de la bouche des enfants". Avec Jésus, enfant de Marie et de Joseph, enfant de l'Esprit, Fils de Dieu fait homme, le monde a basculé, les forts sont devenus faibles, les faibles sont forts. Il nous apprend que l'important, ce n'est pas ce qui se voit de l'extérieur mais ce qui se vit de l'intérieur. Désormais, la force n'est plus dans le pouvoir, la richesse ou l'apparence, mais dans l'humilité et l'impuissance d'un enfant. Bethléem est à deux pas de Jérusalem, comme la crèche du Calvaire. Jésus enfant à Bethléem, en croix à Jérusalem, c'est toujours Dieu livré aux mains des hommes. Le même don total, la même faiblesse, la même victoire : la lumière qui va briller la nuit de la naissance de Jésus est déjà celle de la résurrection. La puissance de Dieu, c'est la faiblesse de l'amour.