Période de crise, comment rebondir dans l'Eglise ? 2ème partie
2. Le retour à l'Évangile, un nouveau printemps !
La Parole du Christ est un formidable levier, capable de soulever nos impuissances, nos inerties, nos fatalités. C'est un message d'une richesse incroyable que nous laissons dormir. C'est une extraordinaire lumière que nous avons trop souvent laissée sous le boisseau.
Il est urgent de redécouvrir le côté révolutionnaire de l'Évangile que de mauvaises interprétations ont trop souvent édulcoré.
Il jette une lumière crue sur notre monde. Il nous permet de découvrir que les valeurs de notre soi-disant Occident chrétien sont des valeurs païennes : le nationalisme, la loi du plus fort, l'égoïsme, l'avidité, le matérialisme, l'exclusion. Tout est basé sur la croissance, la compétitivité, la course au profit… Toutes valeurs que le Christ a critiquées, refusées.
Certains pensent que, si l'évangile est une belle théorie, il est impossible à réaliser. On ne peut que conclure à l'échec de cette belle utopie. Je pense, quant à moi, comme Théodore Monod, "qu'il n'a pas encore été sérieusement essayé". Quand on voit le marasme d'aujourd'hui, on se dit que si on avait mieux suivi le message de Jésus, on n'en serait pas là. L'évangile est un véritable réservoir anti-crise, il nous propose d'autres valeurs sur lesquelles une civilisation nouvelle peut être bâtie : la solidarité, l'égalité, la générosité, la gratuité, la sobriété heureuse, la coopération, l'équité…
Que faire ? Il nous semble, paradoxalement, que ce déclin de la religion chrétienne peut être une chance pour que le message du Christ soit à nouveau entendu.
"On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres", disait Jésus.
Un nouveau visage du christianisme peut émerger mais à condition de retrouver le "parler vrai" des prophètes. Le Christ lui-même s'est inscrit délibérément dans ce courant contre la tendance légaliste des pharisiens. La grande erreur des responsables de l'Eglise est de raisonner en termes "d'interdit " et de "permis", de " purs et d'impurs", une morale de l'exclusion que Jésus lui-même a réformée au risque d'être condamné à mort par les membres du Sanhédrin. Il s'est toujours interdit de juger et avait une tendresse sans bornes pour les faibles et les pécheurs.
Seuls aujourd'hui les témoins sont écoutés, pas les hommes de l'appareil, sauf quand ils passent dans le camp des prophètes.
Retrouvons vite la mentalité et le souffle des prophètes, à la fois pour le monde et dans l'Eglise. Être prophète, c'est puiser son inspiration dans la Parole de Dieu, interpeller le monde actuel et préparer ainsi une société plus égalitaire et plus fraternelle qui se rapproche du Royaume de Dieu.
Par une anticipation confiante de l'avenir, le prophète sait interpréter les évènements et lire les signes du temps. Il comprend qu'a travers l'histoire vécue par les hommes, il y a des leçons à tirer, qu'à travers les échecs et les catastrophes, il y a un message d'espérance.
Annoncer l'évangile dans son intégralité, c'est prendre le risque de déranger, de s'exposer aux critiques et aux oppositions. Nous sommes sans doute à un tournant de l'histoire, un moment qui ne se reproduira plus. Tachons de ne pas rater ce rendez-vous.
Le message chrétien peut être une solution à la crise morale et économique que notre monde traverse et permettre à l'Eglise de retrouver de la crédibilité auprès de nos contemporains.