Période de crise, comment rebondir dans l'Eglise ? 1ère partie
1. Le constat :
Les jeunes n'admettent pas facilement les dérives et les trahisons de l'Eglise. Pas plus que leurs aînés, d'ailleurs ! On entend souvent dire qu'ils veulent bien reconnaître la personne du Christ, mais pas l'institution ecclésiale. Pour retrouver une crédibilité auprès des jeunes et des adultes, la solution la plus simple serait que l'Eglise se réconcilie avec l'Évangile. C'est un formidable défi qui est lancé à notre communauté chrétienne. Il en va de l'existence même du Christianisme dans les années futures.
"Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas " fait-on dire à Malraux. Il n'a pas tout à fait tort quand on constate les menaces qui pèsent sur notre planète : la déflagration nucléaire, le réchauffement climatique, la folie de l'argent roi etc. Encore faut-il bien définir le terme "religieux". Il peut y avoir un bon ou un mauvais usage de la religion. Pour s'en convaincre regardons jusqu'à quelle aberration peuvent mener les intégrismes de tout bord.
Pour moi, c'est un retour à la Bible et plus spécialement à l'évangile que je préconise. Les chrétiens seront crédibles dans la mesure où ils prendront la parole biblique au sérieux. La vraie tradition, c'est la Parole de Jésus. Il est urgent de relire l'évangile et de s'en imprégner. Les jeunes, bien souvent, ne sont frappés que par les mauvais côtés de la religion chrétienne qui proviennent surtout des dysfonctionnements de l'Institution : les compromissions avec l'argent et les pouvoirs, la pédophilie des prêtres, l'hypocrisie des responsables, le manque de démocratie, une hiérarchie autoritaire, un Pape trop médiatique, la froideur des cérémonies liturgiques… Beaucoup quittent la barque avant qu'elle ne prenne l'eau. Mais n'aurait-on pas tendance à jeter le bébé avec l'eau du bain ? C'est pourquoi il est urgent de revenir à l'essentiel : laissons tomber l'enveloppe pour ne retenir que le noyau central de la Révélation. Un « retour aux sources » est indispensable, selon la belle expression de Jean XXIII à l'ouverture du Concile Vatican II. L'Eglise peut être comparée à un fleuve qui, loin de sa source, est certes devenu plus grand mais a charrié de nombreuses impuretés de sorte qu'on ne voit plus que les eaux troubles. Cette figure que la religion chrétienne a prise à partir de Constantin quand elle a cru bon de se fondre dans l'esprit du temps jusqu'à s'y compromettre, les historiens l'appellent "la chrétienté". "La Chrétienté est morte, vive l'évangile" : redécouvrons la vitalité, la fraîcheur de l'irruption de la Parole au temps du Christ. Celle-ci peut être la chance et le salut du siècle à venir. Certains, dont je suis, pensent que nous sommes peut-être qu'au début du Christianisme. Notre époque souffre d'une double carence : l'insuffisance d'être et l'insatisfaction de l'avoir.Nous avons la ferme conviction que la pensée de Jésus peut apporter le supplément d'âme dont notre civilisation a besoin.
Mais pour cela, il faut deux conditions : redécouvrir l'originalité et la force de transformation qu'il y a dans l'évangile et retrouver le souffle prophétique de Jésus.