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Ce qui est significatif, depuis le discours de Grenoble du président Nicolas Sarkozy, sur la nouvelle politique sécuritaire du gouvernement, c'est l'intervention des Églises dans le débat politique. Souvent silencieuse sur la scène publique, par respect de la laïcité (séparation totale entre l'Eglise et l'État), elles ont, cette fois, donné de la voix pour prendre la défense des communautés stigmatisées par le pouvoir et rappeler quelques principes évangéliques d'accueil et de respect du droit des étrangers. Face à ces critiques, la réponse du ministre de l'intérieur fut très claire : "D'accord, j'acte vos remarques, mais je demande que chacun reste dans son rôle. Nous, ministres, nous appliquons les lois, nous avons les mains dans le cambouis, mais, vous, Églises, vous restez au plan du discours, des idées, de la morale. A nous l'action, à vous la réflexion". La séparation de l'Eglise et de l'État devient une séparation entre pragmatiques et idéalistes. Se cacher derrière la loi ! On l'aura compris, le grand argumentaire du gouvernement, du moins des ministres en charge de ce dossier, est que l'État ne fait qu'appliquer la Loi. Ce sont des campements illégaux donc la police peut renvoyer les habitants dans leur pays d'origine et démolir les bidonvilles qui leur servaient de logements. L'État de droit ne fait que son devoir. Les Églises rappellent les règles morales, elles sont dans leur rôle mais elles ne sont pas en charge de la sécurité des citoyens. Mais, pardon ! Ce n'est pas parce que c'est légal que c'est moral. Comme on le voit tous les jours ! En Iran, la lapidation est légale mais c'est une atteinte aux droits de la femme, c'est immoral. Ceux qui fraudent le fisc le font souvent en respectant la loi. Il y a aussi une autre séparation qui est souvent oubliée ces temps-ci, c'est celle des pouvoirs. Il me semble que l'on mélange allègrement le judiciaire avec l'exécutif et le législatif. Il y avait chez les latins un adage dont beaucoup de nos dirigeants devraient s'inspirer par les temps qui courent : "Summum jus, summa injuria", l'application stricte de la loi peut engendrer une suprême injustice. Saint Paul le disait d'une autre façon : "La lettre tue, l'esprit vivifie." (Co 3,6) Il s'exprimait de façon symbolique certes, mais dans les faits, devant nos yeux, nous voyons une police aux ordres du pouvoir qui fait mourir à petit feu une communauté Rom qui est un des groupes sociaux les plus précarisés d'Europe, surtout les Roms nomades, qui éprouvent une grande difficulté à s'intégrer. S'en prendre aux plus faibles, aux plus fragiles pour des raisons électoralistes, c'est vraiment s'abaisser dans un combat peu loyal. Simone de Beauvoir notait que "le sort qu'une société réserve aux plus faibles est un indice de son degré de civilisation". Détourner l'attention. Faire porter la responsabilité de l'insécurité sur quelques camps de Tsiganes, quelques Roumains qui mendient dans le métro ou aux carrefours, c'est vraiment une analyse superficielle des mouvements migratoires et du traitement de la pauvreté. Cette attitude permet surtout d'occulter ses propres responsabilités et ses échecs dans ce domaine. Les gens du voyage sont souvent sur des terrains illégaux parce que les communes ne respectent pas la loi qui leur impose de fournir les espaces nécessaires aux campements. Dans un autre domaine, pourquoi y a-t-il des gens qui dorment dans la rue ou qui squattent des bâtiments inoccupés ? Parce que certaines municipalités préfèrent payer une amende plutôt que de construire des logements sociaux. Cela permet aussi de ne pas parler d'autres insécurités plus graves. L'insécurité face à la maladie, aux soins médicaux, au logement, aux fins de mois difficiles qui engendrent l'endettement, à l'éducation des enfants, et surtout l'insécurité liée à l'emploi. Martin Luther King disait : " La philanthropie est une bonne chose, mais elle ne doit pas nous faire oublier les conditions économiques qui rendent la philanthropie nécessaire". S'il y a tant de délinquance, de vols, d'agression, de trafic de drogue, c'est que la pauvreté gagne du terrain. Pourquoi ? Parce qu'on ne traite pas à fond la question du chômage de masse (10 % d'adultes, 20% de jeunes), on n'en fait qu'un traitement social. On fait taire le chômeur en lui donnant une aumône sous forme d'une petite allocation. Quand un pouvoir perd pied, il se cherche des "boucs émissaires". C'est mauvais signe pour la démocratie !!
Jean-Marie Delcourt
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