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L'entraide

Les Actes des Apôtres nous disent que l'entraide est l'un des quatre piliers sur lesquels l'Eglise se bâtit à côté de la catéchèse, de l'eucharistie et de la prière (Actes 2,42). Le service du prochain fait aussi partie intégrante de ma vie de chrétien. Être croyant, ce n'est pas seulement adhérer à des vérités de foi mais aussi mettre ses actes en conformité avec sa croyance. "La foi sans les œuvres est une foi morte" (Jacques 2,17) "Celui qui dit qu'il aime Dieu et qui n'aime pas son frère est un menteur "( Épître de Jean, 4,20) L'entraide est une forme d'évangélisation parce qu'elle témoigne de la bonne nouvelle en agissant. Elle se fonde dans la gratuité du salut en Jésus-Christ. Elle est aussi un lieu de partage et de ressourcement spirituel. L'entraide se fonde sur les paroles et l'exemple de Jésus dans les évangiles. Dans la parabole du "Bon Samaritain" (Luc 10, 25-37), quand Jésus déplace la question du légiste en demandant "qui s'est fait le prochain de l'homme tombé aux mains des brigands ? ", il ne restreint plus le champ de l'amour mais il l'étend à toute l'humanité. C'est le chrétien qui doit prendre l'initiative même si cette démarche commence par la compassion. "Heureux ceux qui pleurent", heureux ceux qui peuvent encore être émus par la souffrance de leurs frères. Quand Jésus guérit les malades, les paralytiques, les lépreux, c'est une façon de les réintégrer dans la société des bien portants et de leur conférer une nouvelle dignité : "Lève-toi et marche" (Marc 2,11). L'amour du prochain peut, selon les situations, prendre la forme de l'urgence ou de la protestation. L'aide humanitaire (comme dans le cas d'Haïti) panse les blessures et pare au plus pressé. Dans d'autres circonstances, elle peut prendre plusieurs visages : ceux explicités par Matthieu 25,31-46 : les affamés, les assoiffés, les étrangers, les sans-logis, les malades, les prisonniers, les chômeurs, les précarisés… En un mot, les blessés de la vie, laissés pour compte sur le bord de la route par notre société du "chacun pour soi", une fabrique à exclure ou à cause d'une catastrophe naturelle (tremblement de terre ou tsunami par exemple). Mais notre soif de justice doit nous mener plus loin que l'aide d'urgence, elle doit nous pousser à rechercher les causes des précarités actuelles. Elle vise à un changement des mentalités et des structures. "La charité est une bonne chose, disait ML King, mais elle ne doit pas nous faire oublier les circonstances d'inégalité économique qui rendent la philanthropie nécessaire". Cette démarche prophétique peut amener les croyants à des actions de protestation, à la limite de la légalité. En aidant, par exemple, les migrants et les sans papiers ce qui est, dans certains pays européens, considéré comme illégal (délit de solidarité). La solidarité peut aussi s'exprimer de plusieurs façons : soit en tant que bénévoles, soit en tant que professionnels, dans des institutions chrétiennes ou des structures laïques. Les chrétiens n'ont pas le monopole de la solidarité. Les "restos du cœur" remplissent bien leur mission, beaucoup de croyants y participent. La recherche de solidarités nouvelles est, aussi, un lieu privilégié d'œcuménisme. En France, par exemple, des Afghans, chassés de la "jungle de Calais" par le gouvernement, s'étaient retrouvés démunis et sans argent, dans les rues de Nîmes, après être passés par le centre de rétention. Ils ont été accueillis par les communautés catholiques, protestantes, musulmanes qui leur ont offert le gîte, le couvert et des tapis de prière. Chez nous, le Carême de Partage nous donnera l'occasion de montrer notre générosité en faveurs des populations les plus démunies de la planète. "Le jeûne que je préfére, écrit Isaïe, c'est de briser les chaînes injustes, délivrer ceux qu'on opprime, mettre fin à tout esclavage, partager son pain avec celui qui a faim, se préoccuper du malheureux sans abri et ne pas se détourner de son prochain" (Is 58, 6-7).