Rue des Prémontrés, 40 4000 Liège - 04/229 79 37 - secretariat@sdjliege.be
Questions ? Suggestions ? Remarques ?
Contactez la Webmaster (Sophie Gillot) : sophie.gillot@sdjliege.be - 04/229 79 35
En ce début d'année 2010, cette avalanche de catastrophes est assez hallucinante. Certes Haïti n'a rien à voir avec Liège et Liège n'a rien à voir avec Hal, mais cette succession de drames pose beaucoup de questions et m'amène à vous partager quelques réflexions. A.Camus, dans ‘La Peste’, écrivait : " C'est au milieu des fléaux qu'on apprend qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser". On voit dans tous ces drames, beaucoup d'émotion mais aussi de la solidarité, de l'entraide, et dans le chef des sauveteurs, beaucoup de courage et d'abnégation face aux dangers. Et devant tout cela, une vue assez optimiste de la nature humaine. Au fond de lui, l'homme est bon, dommage qu'il faille le malheur pour le révéler ! Au-delà de cette considération, on peut cependant se poser d'autres questions : "Peut-on à chaque fois invoquer la fatalité ? A-t-on vraiment tiré toutes les leçons du passé ?". Dans la tragédie grecque, les hommes étaient le jouet des dieux et ne pouvaient rien contre le destin (fatum). Il fallait se résigner et accepter son sort : " C'était écrit", "Inch Allah". Pourtant, ce qui me frappe dans chacun de ces drames, c'est qu'avec de l'intelligence, de la prévoyance, de la bonne gouvernance, beaucoup de morts auraient pu être évités. Dans ces trois catastrophes, on n'a jamais tiré les leçons du passé. La terre qui tremble, un train qui brûle un feu rouge, des bâtiments vétustes, non entretenus et non assurés, ce n'est pas nouveau. Quand la rentabilité prime sur la sécurité des habitants et des usagers, on sait comment cela peut finir et ceux qui payent les pots cassés ne sont pas nécessairement ceux qui nous dirigent ou prennent les décisions. Au XIXe siècle, la Belgique était à la pointe dans les chemins de fer ; c'est elle qui a installé le réseau ferroviaire aux quatre coins du monde. Aujourd'hui, elle est 12e en Europe pour la sécurité de la circulation de trains. Pourtant, du point de vue écologique, les passagers des "trains fous" avaient préféré le train à leur voiture. Cet accident mortel va augmenter la méfiance des usagers et certains vont sans doute reprendre leur voiture pour aller s'engouffrer dans les embouteillages autour des grandes villes. Il semblerait que la cause de la catastrophe soit un feu rouge brûlé par un conducteur. En regardant le journal télévisé de France 2, j'apprends que la plupart des trains français sont équipés d'un système d'aide à la conduite et de freinage automatique dont beaucoup affirment qu'il aurait permis d'éviter l'accident. Par leur grève d'un jour, les cheminots ont voulu manifester leur colère d'autant plus vive que la direction de la société avait, après l'accident de Pécrot en 2001, promis une amélioration du niveau de sécurité. "Nous voulons gagner notre vie, pas la perdre" expliquait un syndicaliste de Mons. Peut-être pensait-il aussi qu'au lieu de dépenser des millions d'euros pour construire des gares TGV "luxueuses" (Liège, Anvers), on aurait dû mettre la priorité sur l'amélioration du réseau secondaire et la sécurité des usagers comme des conducteurs ? Pour la catastrophe de la rue Léopold à Liège, on a aussi dans un premier temps invoqué la fatalité. C'est un drame qu'on n'aurait pas pu prévoir. Surtout pour le deuxième immeuble dans les décombres duquel on a retrouvé les corps sans vie de deux jeunes couples de Hannut, dont on dit que " tant d'amour aurait dû les protéger". Après quelques jours, des éléments troublants sont apparus dans la presse. Est-il normal qu'un immeuble de cette importance ne soit pas assuré par son propriétaire ? Pourquoi l'assureur contacté n'a-t-il pas voulu signer le contrat ? Pourquoi le samedi précédent a-t-on senti une odeur de gaz ? L'immeuble était-il bien contrôlé par les instances officielles (pompiers, Vinçotte, etc). Faut-il donner du crédit à certaines rumeurs qui font état de "marchands de sommeil" et de la présence d'habitants " sans papiers" ? Espérons que l'enquête permettra de répondre à toutes ces questions. Pour Haïti, l'explication par la fatalité est celle qui vint immédiatement à l'esprit : un des pays les plus pauvres du monde, une grande magnitude sismique, une forte densité de population et une île qui ne fut pas bénie des dieux depuis son indépendance en 1804 (bien avant celle de la Belgique, un record pour une colonie française). Ce n'est pas la première fois que cette île est victime de cyclones dévastateurs comme de coups d'État. Invoquer sans cesse le mauvais sort de ce petit bout de territoire "maudit" ne tient pas la route. Un expert de Barcelone témoigne, dans "Le Monde", qu'il a effectué en 1982 une mission pour le gouvernement haïtien concernant l'application de normes antisismiques dans la construction. Ce rapport est resté dans un tiroir. Les Haïtiens, peuple joyeux et créatif s'il en est, n'ont pas eu les dirigeants qu'ils méritent. "Quand le vent souffle fort dans les Caraïbes, c'est bien à Haïti qu'on compte le plus de morts, pas à Cuba ou à Saint-Domingue." Espérons cette fois qu'on puisse tirer les leçons du passé et que la communauté internationale comme toutes les ONG (dont Entraide et Fraternité) pourront aider Haïti à se reconstruire politiquement comme économiquement.
Jean-Marie Delcourt
JeunesCathos.org le site de la jeunesse catholique de Belgique. - mentions légales - plan du site - connexion
Rue des Prémontrés, 40 4000 Liège - 04/229 79 37 - secretariat@sdjliege.be
Questions ? Suggestions ? Remarques ?
Contactez la Webmaster (Sophie Gillot) : sophie.gillot@sdjliege.be - 04/229 79 35