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Il y a tout juste 60 ans naissait l'état d'Israël. Après 2000 ans d'absence, les Juifs reviennent enfin sur la terre de leurs ancêtres. Les Grandes Puissances reconnaissent son indépendance et l'O.N.U. partage la Palestine en deux. Deux pays, deux peuples -l'un juif, l'autre arabe- et la paix à construire aujourd'hui encore...
La création de l'État d'Israël en 1948 est l'exemple même d'un choix politique déterminé en partie par la religion. Le peuple juif vécut sur cette terre de Palestine depuis 1850 avant J.C. (l'appel d'Abraham) jusqu'en l'an 70 après J.C. Suite de l'incendie de Jérusalem et de la destruction du temple, ils furent chassés de leur terre par les Romains. Ce qui arriva est unique dans l'histoire : tout le peuple juif fut contraint à l'exil. Ce fut le début de la Diaspora, la dispersion des juifs dans le monde entier. Pour comprendre la création de l'État d'Israël, il faut remonter à Théodor Herzl (1860-1904), un journaliste polonais, fondateur du sionisme (de Sion = Jérusalem). Constatant, surtout après l'affaire Dreyfus, la montée de l'antisémitisme en Europe, il conçoit l'idée d'un Foyer National Juif où tous les juifs persécutés pourraient trouver refuge. Il noue alors des contacts avec le sultan ottoman, l'empereur allemand Guillaume II et des députés anglais. Ces derniers lui proposent un territoire en Ouganda (Afrique). Proposition refusée ! La plupart des juifs de la Diaspora veulent retourner sur la Terre de leurs ancêtres car ils se sont progressivement identifiés aux Hébreux, déportés au VIe siècle avant notre ère, sur les bords de l'Euphrate, qui priaient leur Dieu de les ramener un jour à Jérusalem pour vivre leur religion en paix. C'est ainsi qu'au début du XXesiècle, une immigration clandestine se développa peu à peu en Palestine, occupée à l'époque par les Arabes palestiniens musulmans et chrétiens. Cette Terre appartenant à l'empire ottoman était administrée par les Anglais depuis 1914.
A la fin de la seconde guerre mondiale, en 1945, tout s'accélère mais la naissance de l'État d'Israël se fera dans les larmes et la violence. A l'immigration clandestine d'avant-guerre s'ajoute l'action terroriste de groupes armés qui veulent récupérer par la force les territoires dont ils espèrent faire leur pays. S'ajoute aussi l'épisode, en 1947, du cargo l'"Exodus" ramenant les rescapés de la Shoah vers ce qui était pour eux la Terre Promise. Baptisé ainsi en souvenir de l'Exode -la sortie d'Égypte des Hébreux, en vue de retourner sur leur terre de Canaan, ils avaient à bord leur 'Moïse', Yossi Harel, qui vient de mourir à Tel-Aviv à 89 ans. Ces 4500 rescapés,refoulés par les Anglais, ne purent débarquer. Transférés dans des camps de déportés en Allemagne, ils ne reviendront en Israël que plus tard. Les souffrances des passagers de l'Exodus, s'ajoutant à celles de la Shoah, ainsi que la mauvaise conscience des États européens dont le silence conduisit à l'extermination de 6 millions de juifs par les nazis joueront un rôle primordial en faveur de la reconnaissance de l'État d'Israël.
C'est le 14 mai 1948 que le Conseil National Juif proclame à Tel-Aviv l'indépendance de l'État d'Israël, assez vite reconnu par les Grandes Puissances. Quelques mois auparavant, le 29 nov. 1947, l'assemblée générale de l'ONU adoptait un plan de partage de la Palestine en deux états, l'un juif, l'autre arabe (deux peuples, deux pays). Israël était créé sur papier. Dans les faits, ce fut beaucoup plus compliqué. Pour s'installer dans un pays abandonné pendant 2000 ans, les Juifs ont dû chasser de leur terre des milliers de Palestiniens, obligés de quitter leur domicile pour vivre de façon précaire dans des camps de réfugiés en Jordanie, au Liban, en Syrie... Dès le départ des troupes britanniques, la guerre civile se transforme en conflit israélo-arabe. Le découpage territorial ne contentait personne, : les uns considérant qu'on leur volait leur territoire, les autres pensant être dans leur droit puisqu'ils revenaient dans le pays de leurs ancêtres. A partir de ce moment, une méfiance réciproque engendra régulièrement de nombreuses guerres et Intifada, chacun se renvoyant la responsabilité du début des hostilités.
60 ans après, la paix reste un rêve qui, comme la ligne d'horizon, s'éloigne au fur et à mesure qu'on avance. Pourtant, aujourd'hui, on est revenu au point de départ : comment créer deux États pour deux peuples ? La solution, de nouveau, sur papier est simple : il est nécessaire qu'Israël accepte de rendre les territoires conquis par les armes pour permettre la création d'un État palestinien viable et de l'autre côté, il faut que les Palestiniens reconnaissent à Israël le droit de vivre en paix.
Jean-Marie Delcourt
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