Expo interactive "Porte ouverte sur la prison"

Vif succès pour ce projet de partenariat rondement mené et avec un retour 100 % gagnant !

Durant 2 semaines, c’est près de 540 élèves (issus de 17 établissements scolaires) et une cinquantaine d’enseignants accompagnants qui ont pu visiter l’expo interactive «Porte ouverte sur la prison».

Dès leur entrée sur le site de l’Esas (qui nous a permis gratuitement et avec bienveillance de nous installer chez eux) les élèves semblaient curieux voire impatients de découvrir ce monde peu connu. Un parcours de 7 haltes les attendait avec l’objectif de brasser bon nombre de thématiques à travers de, notamment, diverses simulations.

Après un bref tour de présentation des intervenants qui avaient à cœur de partager leurs expériences et de répondre aux questions, la première halte permettait de confronter l’avis des jeunes à la réalité concernant la population carcérale. Certains chiffres dévoilés et les différents commentaires s’y rattachant ont déjà mis à mal certains stéréotypes mais aussi dévoilés une certaine réalité ignorée.

La halte 2, proposait de visiter une cellule reproduite à l’identique. Mêmes dimensions, même mobilier (venant tout droit de la prison de Lantin) et même décor pensé par des détenus eux-mêmes.

A la sortie de la cellule, le mot écrit par chacun sur un post’it et répondant à la question ‘j’ai trouvé ce lieu de vie … » était assez éloquent. Les mots les plus courants furent :

• «Oppressant » ressenti par l’étroitesse des lieux (souvent cité également) mais aussi par les bruits incessants des portes qui claquent, des grilles qui se ferment et des cris des détenus que l’on pouvait entendre dans la cellule.
• «Rudimentaire» pour le mobilier de base vétuste et minime.
• «Sale» pour l’état des murs mais aussi des différents détritus qui jonchaient les abords.
• «Dégradant» par le fait de devoir se laver et faire ses besoins dans une même pièce et de plus, devant quelqu’un d’autre.
• «Dur» et «Ingérable» quand on imagine vivre dans 9 m2 où il peut faire froid ou très chaud, par période de canicule, et surtout avec un inconnu qui n’a pas toujours la même culture et le même mode de vie que soi.

Passer une journée en prison, c’est ce que proposait de vivre la simulation de la 3^ème halte.

L’horloge faisait défiler les heures rythmant ainsi les différents temps de la journée vécu en direct par les élèves devenus, pour un temps, «détenus». Les 3 appels par jour, les 2 temps de préau sauf pour certains, la mise au cachot, les temps de repas avec les régimes alimentaires plus ou moins respectés, le travail pour très peu sans parler des douches où certains n’y avaient droit que 3 jours plus tard, rien n’a été oublié.

Beaucoup de questions furent posées par les jeunes concernant ces différents temps débouchant aussi sur les relations avec les agents pénitentiaires ou encore la violence en prison. Une ligne du temps, dévoilée en guise de conclusion de cette halte et faisant apparaître les 21 à 22 heures sur 24 passées au sein de la cellule, en a assurément interpellé plus d’un.

Dans la halte 4, les jeunes ont pu «cantiner» à savoir, faire un tour dans le magasin de la prison pour y choisir des produits à acheter selon les besoins du détenu qu’il représentait. Enervant, frustrant, décevant quand après coup ils se sont rendu compte que les apports financiers (de la famille, du fond de solidarité ou des heures de travail) étaient minces et qu’il fallait, en plus, déduire des frais de location pour certains équipements de la cellule, pour le téléphone, …Certains ont, de ce fait, vu leur compte rapidement fondre et être tellement appauvri que bon nombre de produits souhaités ne pourrait finalement pas être acheté. La réalité de la précarité financière ne permettant pas à la plupart des détenus de vivre décemment en prison et l’impact financier sur les familles des détenus a donc été largement évoqué.

La visite d’un détenu était le thème de la halte 5. Pendant qu’un élève allait revêtir l’uniforme d’un détenu et qu’un ami visiteur se tenait à l’accueil des visites, le groupe a pu citer tout ce qu’un visiteur aimerait, à leur avis, dire, faire et apporter à ce détenu. Après l’installation du détenu à la table de visite mais aussi la fouille du visiteur et la vérification de son autorisation de visite, le sac apporté par ce dernier a été scrupuleusement fouillé et tout objet interdit, a été, avec les concours des élèves, ôté. La visite a pu enfin se dérouler avec l’intervention des agents concernant certains comportements défendus.

L’avant-dernière halte proposait de s’interroger sur ce qui permettait de résister en prison. La pratique religieuse, avec en point de mire le travail des aumôniers a alors pu être expliquée.

La dernière halte invitait, elle, à écouter le témoignage d’un jeune sur sa vie en prison mais aussi et surtout sur les difficultés de sa réinsertion. C’est lors de cette Halte, que les personnes emmenant de la plate-forme des sortants de prison sont notamment intervenus pour parler de leur travail.

Tout au long du parcours, les jeunes ont eu à cœur de s’immerger dans le monde carcéral mais aussi et surtout de s’interroger. Ils pourront poursuivre leur réflexion, de retour en classe, avec leurs enseignants grâce notamment au dossier pédagogique fourni après la visite.

Les enseignants de leur côté ont apprécié l’interactivité avec les élèves et ce début de réflexion bien nécessaire mais aussi la bonne organisation et le souci pédagogique évident. Ils n’ont d'ailleurs cessé de nous interpeller pour qu'on reprogramme cette expo très très vite.

Allez, pourquoi pas ;-)

NB : Nous tenons à remercier tous les partenaires issus de l’aumônerie catholique de Lantin, de la compagnie des visiteurs de prison, de la commission de surveillance de la prison de Lantin et de la plate-forme des sortants de prison, d’avoir permis au SDJ de faire de ce projet (resté dans les cartons depuis quelques années) une réalité. Mais aussi, la direction de HELMo ESAS et Salim Megherbi (enseignant dans cet établissement) pour nous avoir permis de profiter de leurs infrastructures.